Il y a quelques mois, une consœur m’a pris a part pour me faire une drôle de confidence.

Elle avait quelque chose à me dire et ça faisait longtemps qu’elle voulait m’en parler mais n’en avait pas encore eu l’occasion.

Voilà ce qu’elle souhaitait me confier : elle était … comment dire … précoce. Sa fille consultait un thérapeute spécialisé dans la précocité. Elle l’avait consulté, elle-même, et le psy lui avait confirmé ce qu’elle présentait depuis un moment : elle, aussi, était précoce.

Elle voulait m’en parler parce qu’à son sens, tout comme elle, je l’étais … je veux dire : précoce.

J’avais déjà entendu l’expression et savais que c’est ainsi qu’on désigne les surdoués.

La révélation de ma consœur était de taille. Cela fait 20 ans que je la connais et sa précocité ne m’avait jamais vraiment frappé jusqu’ici. Mais bon, passons …

En ce qui me concerne, son diagnostic me laissa relativement froid. D’une part, parce que la surdouance est un sujet qui me fait bailler aux corneilles. D’autre part, parce qu’être surdoué ne m’a jamais paru chose enviable.

J’ai toujours vu les surdoués comme de pauvres hères asociaux, encombrés par une intelligence qui ne leur permet pas de réussir leur vie professionnelle et personnelle à cause d’une inadaptation au monde tel qu’il est.

Ma consœur mis un terme à notre conversation en me recommandant un livre dont elle ne se rappelait plus le titre (sic) mais dont elle se faisait fort de m’envoyer la référence très bientôt.

J’appris par mail, le lendemain, que l’ouvrage en question s’appelait : « Trop intelligent pour être heureux ».

Je lui répondis aussitôt : « Aucune chance que je sois un Zèbre  (ie. un surdoué), je suis heureux à un point que tu ne soupçonnes même pas. Si être surdoué, c’est être malheureux, alors je dois plutôt être sous-doué ! »

Nous n’avons plus abordé le sujet. Elle a du comprendre que je n’étais pas le bon client. Et je n’ai plus repensé à ces histoires de surdouance. D’autant que cela fait un moment que je ne vois plus fleurir de posts sur le sujet sur les réseaux sociaux, alors que c’était la grande mode en 2016.

Et puis, voilà qu’en flânant dans les travées de la librairie Gibert Jeune, je tombe sur un livre« Le livre des vrais surdoués »

L’auteur s’appelle Beatrice Millêtre et à lire la liste des livres qu’elle a ecrit (une vingtaine) sur des sujets très variés, il lui en faut bien autant.

Un peu comme Benjamin Millepied pour être danseur étoile !

(Du nom dans le destin des personnes, disait Lacan … S’il dit vrai, au passage, je devrais bientôt être multimillionnaire !)

D’un coup d’un seul, Béatrice Millepied m’a réconcilié avec le sujet : on peut donc être surdoué et être heureux. C’est même le cas de la plupart des surdoués, selon elle.

Très bien. Enfin, un discours qui ne soit pas doloriste ou victimaire sur ces pauvres surdoués incompris par le système, leurs collègues, leur hiérarchie, leurs professeurs, leurs condisciples.

La thèse de Beatrice Millepied, à rebours de tout ce qu’on entend ici et là, est que :

1/ les surdoués sont heureux

2/ les surdoués réussissent très bien dans la vie et même mieux que les autres car ils bénéficient d’un fort QI et d’une forte intuition (que d’aucuns appellent le QE ou quotient émotionnel)

3/ il y a des surdoués malheureux et/ou qui ratent leur vie, pas du fait de leur surdouance, mais parce qu’ils n’ont pas les conditions de vie adéquates pour laisser s’épanouir leur génie. (Ne pas confondre corrélation et lien de cause à effet)

Alors ?

Ce bouquin m’a-t-il fait réviser mon auto-appréciation sur ma propre surdouance ?

Pas vraiment.

Je n’ai pas réussi de grandes écoles. Je n’ai pas une carrière extraordinaire. Je n’ai pas (encore) légué de chefs d’oeuvre impérissables dans quelque art que ce soit.

Je ne suis, certes pas, surdoué.

Je me contente d’être « JC le bienheureux » qui veut ne jamais ressembler à ces « hommes et femmes aux passions tristes » (comme les appelle Spinoza).

Comme je l’ai écrit il y a quelques mois, j’ai en horreur l’esprit de sérieux, ce crime contre la vie et la pensée.

Je me contente de faire ce pour quoi je suis doué, et pas surdoué : écouter, parler, lire (ce vice impuni dont parle Valery Larbaud), écrire et penser.

Et, m’émerveiller tous les jours de faire un métier qui me permette de pratiquer mes cinq activités préférées et développer mes points forts !

 JC Heriche, le 8 Mai 2017

(A suivre)

PS : Je ne vous recommande pas le livre sur les surdoués que j’évoque dans ce post. Autant la thèse me semble pertinente, autant le livre ne la sert en rien, tant il est mal construit, mal écrit et se contentant d’accumuler des notions sur le cerveau, les tests d’intelligence et des exemples peu intéressants.

Le summum étant atteint par le test de surdouance placé à la fin. Présenté sans aucunes explications, on comprend vite ce qu’il faut répondre pour être identifié comme surdoué : Il suffit d’avoir lu le livre !

Ce qui débouche sur une idée vertigineuseEt si nous étions tous surdoués ? 

2 Comments

  1. L.
    juin 4, 2017 at 19:30

    Je trouve ça assez triste de mentionner « Je n’ai pas réussi de grandes écoles. Je n’ai pas une carrière extraordinaire. Je n’ai pas (encore) légué de chefs d’oeuvre impérissables dans quelque art que ce soit. » comme si c’était une preuve que l’on était pas surdoué, pour répéter de vieux clichés, alors que vous essayez de vous détacher du cliché du « malheureux surdoué ». Un article qui brasse du vent, d’un auteur qui ne sait visiblement pas de quoi il parle.

    • JC Hériche
      décembre 17, 2017 at 20:15

      Merci pour votre commentaire. Vous semblez en savoir beaucoup sur les surdoués. Dites-nous ce qu’il faut en savoir. Vous aideriez surement beaucoup de lecteurs de ce blog.

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