Et si vous étiez en souffrance au travail ou dans votre vie privée parce que, face à une attaque verbale, vous ne savez pas parer le coup ? 

Et s’il existait une méthode pour répondre efficacement du tac au tac aux agressions ? 

Ce serait trop beau, hein ? 

Pourtant cette méthode existe. Je vous la révèle dans ce post. 

La semaine dernière, j’ai bénéficié d’une formation pour formateurs délivrée par Yann Olivier du cabinet Y Pragma.

L’objectif de cette formation était de nous munir de parades face à l’agressivité de stagiaire(s) dans une situation de formation grâce aux ressources de la dialectique.

Yann Olivier est un fin dialecticien et sa formation m’a permis de mettre mes idées au clair sur ce sujet essentiel.

La méthode dialectique

Connaissez-vous la méthode dialectique ?

Les communistes (quand il y en avait encore) étaient passés maîtres dans l’usage de cette méthode, un art pour certains, qui consiste à retourner à son avantage une situation mal partie.

  Pour vous donner un exemple, quand on parlait à un membre du PCF dans les années 70,  des files d’attentes interminables devant les magasins de Moscou aux étalages désespérément vides, quelle était sa réaction ? L’une de ses parades consistait à rétorquer que nous aussi en France, on faisait la queue, par exemple pour aller au cinéma. Ça n’avait rien à voir. L’argument ne tenait absolument pas la route. Peu importe, ce qui comptait, c’était de « clouer la bouche » de l’adversaire. 

Les communistes tenaient cet art de la dialectique de Marx qui le tenait lui-même de son professeur de philosophie, un certain Georg Wilhem Friedrich Hegel.

Un autre élève d’Hegel, Schopenhauer était aussi passé maître dans l’art de la répartie dialectique. Il en a même fait un livre, bien connu aujourd’hui, traduit en français sous le titre : « L’art d’avoir toujours raison » dans lequel sont recensés 42 stratagèmes visant à clouer au sol n’importe quel adversaire.

Je tiens à souligner que la dialectique est quelque chose de très peu recommandable pour qui a soif de vérité et de débats à la loyale.

Cependant, dans certaines situations, la dialectique peut se révéler fort utile.

Par exemple, au sein d’un groupe, lorsque certains membres cherchent à prendre le pouvoir aux détriments des autres.

Dans un collectif de travail, lorsque certains sont prompts à envier le moindre avantage supposé, fantasmé de l’un de leur collègue.

Dans le cadre d’un débat, quand l’attaque sert à terrasser l’autre débatteur.

Également, dans toutes sortes de situation, face à des gens manipulateurs, agressifs ou de mauvaise foi.

Il en va ainsi, parfois, dans le cadre d’une formation ou dans une classe, lorsque le groupe ou certains éléments du groupe peuvent être tenté de chercher des « noises » à l’animateur de la formation ou au professeur, afin de le ridiculiser, le délégitimer, en somme, pour prendre le pouvoir qui lui est naturellement dévolu.

Face à une attaque de ce genre, nous avons 4 attitudes à notre disposition :

– La tétanisation ou soumission ;

– La fuite honteuse ou débandade (il existe une fuite positive, j’en parle dans la deuxième partie de ce post) ;

– Le combat ou agressivité ;

– La réponse rationnelle.

Toutes les 4 sont attendues. Elles sont donc à bannir car facilement parables par l’agresseur.

La parade efficace est d’adopter un comportement inattendu qui constitue une surprise pour l’attaquant.

Quatre types d’attitudesurprise peuvent être utilisés :

l’effet-miroir (ou méta-communication)

l’humour 

la surenchère 

le pathos 

Prenons un exemple tiré de la politique, pour bien comprendre ce que peut apporter un effet-miroir.

A ses débuts en tant que ministre du travail, Myriam El Khomri s’est faite piégée sur l’antenne de RMC par Jean-Jacques Bourdin, coutumier du fait, quand elle s’est révélée incapable de donner le nombre de renouvellement possible de CDD.

Elle s’est emmêlée les pinceaux en tentant une réponse fausse puis en avouant piteusement son ignorance.

Avec les outils de la dialectique, Myriam El Khomri aurait pu avoir une parade du type :

 » Bourdin, vous me refaites le coup que vous avez fait à Ségolène Royal et à tant d’autres. Votre numéro de maître d’école ça suffit maintenant. Je ne vous répondrai pas. »

C’est ce qu’avait réussi magistralement Mitterrand face à Giscard lors du débat TV du second tour de l’élection présidentielle de 1981 avec cette phrase restée dans les annales : « Je ne suis pas votre élève et vous n’êtes pas mon professeur »

Autre exemple de parade dialectique en politique, cette fois-ci à ranger dans la catégorie humour :

La réponse qu’a faite Alain Juppé à François Fillon lors du débat des primaires.

Ce dernier avait attaqué Juppé sur son âge en qualifiant de tisanes les réformes de celui-ci et Juppé avait mis en garde Fillon contre l’excès de Vodka, alcool fétiche des russes en disant : mieux vaut une tisane qu’une vodka !

(merci à la Linkedinaute Nathalie Baudic qui m’a suggéré cet exemple tout frais).

Enfin, un exemple tiré de la vie de bureau, pour comprendre ce que peut apporter la surenchère.

Un de vos collègues voulant vous mettre en difficulté à votre retour de vacances vous dit : « Ça fait deux mois que je t’ai pas vu. Tu bénéficies de jours de vacances supplémentaires… » Comme c’est dit sur un ton peu amène, « l’embrouille » et la volonté de nuire sont évidentes. 

Que peut faire un dialecticien ? 

Tout simplement, rétorquer avec le maximum d’aplomb et à voix bien haute : « Oui. J’ai négocié ça avec le responsable du centre. Mais chut, hein ! Tu ne le répètes pas » 

D’un coup, l’agresseur sombre dans le ridicule de ses mauvaises intentions mises à nu.

Éloge de la fuite 

Après la formation à la dialectique de Yann Olivier, il se trouve que j’ai assisté à une conférence de Christophe André, le psychiatre et grand gourou de l’estime de soi.

Christophe André est une véritable rock star de la psychologie. La conférence, qui s’est tenue au Grand Rex, a rassemblé plusieurs milliers de gens ayant payé entre 16 et 32 euros pour venir l’écouter parler de l’estime de soi pendant 2 heures.

A la fin de sa conférence, il a évoqué une anecdote qui immédiatement m’a replongé dans la formation à laquelle j’avais participé dans la journée.

Je vous la raconte.

Alors jeune psychiatre, Christophe André présente avec son comparse François Lelord, leurs premières découvertes sur l’estime de soi. Ils font leur présentation devant un parterre de confrères. 

A la fin de la conférence, il y a la séance de questions du public qu’André redoute particulièrement. La jalousie du milieu dans lequel il travaille lui fait s’attendre à des questions pernicieuses qu’il appelle « les questions qui tuent ». 

Une première ne manque pas d’arriver. Au fond de la salle, se lève, un confrère le regard torve (dixit Christophe André) qui leur rétorque : « Tout ce que vous dites là c’est très bien. Mais, Il y a une étude qui dit exactement le contraire. »

André s’apprête à faire une réponse langue de bois, quand il entend son co-auteur dire : « On sait pas. On connait pas l’étude dont vous parlez. Est-ce que dans la salle quelqu’un la connaît ? »

Un doigt se lève et le psychiatre au bout de ce doigt dit qu’il l’a lu mais que ce n’est pas aussi clair qu’elle soit en contradiction avec celle de André et de Lelord, etc.

André, déduit de cette anecdote, qu’il avait une conception verticale de la relation aux autres dans ces situations de prise de parole. Il était celui qui savait et qui apprenait aux autres. Avec cet épisode, il a appris qu’il pouvait aussi ne passavoir

Il convient donc d’ajouter ce moyen aux outils de la dialectique pour parer aux situations d’agression dans un débat ou dans une formation : le fait d’accepter de ne pas savoir, voire de renvoyer au groupe la possibilité de combler son non-savoir.

Je l’appellerai « comportement de fuite« . Pas débandade, juste fuite.

A ce propos, connaissez-vous les thèses du professeur Henri Laborit sur les vertus de la fuite ?

Un film formidable les expose. Il s’appelle : « Mon oncle d’Amérique » du cinéaste Alain Resnais.

C’est un chef d’oeuvre dont je vous propose le décryptage dans ce papier : Éloge de la fuite

 Et vous ?

Quel est votre comportement face à une agression verbale ou à une tentative de prise de pouvoir à vos dépends ? 

Avez-vous des parades ? 

Lesquelles ? 

Racontez-nous la manière dont vous vous sortez de ces situations difficiles. 

Pour conclure,  attention à ne pas confondre attaque verbale et objection.

Une agression verbale vise à vous déstabiliser. Elle doit être traitée comme recommandé dans ce post. En revanche, une objection doit être traitée comme une objection. C’est à dire que vous devez chercher à y répondre rationnellement en argumentant. 

Comment reconnaître quand vous avez affaire à une objection et quand vous avez affaire à une agression ? 

Yann Olivier recommande de se poser la question suivante en un millionième de seconde : 

« Est-ce que ce que vient de me dire mon interlocuteur sert à faire avancer la discussion ou pas ? Est-ce que c’est utile pour l’échange ? »

Si la réponse est non, c’est une agression verbale, c’est de la prise de pouvoir. 

Et vous vous devez d’être impitoyable envers l’agresseur ! 

(A suivre)

 Jean-Christophe Hériche Paris, le 05 octobre 2016

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