« Tais toi ! » , « La ferme ! » , « Boucle là ! » Comment veux-tu que je te le dise ?

Pardonnez ma familiarité, mais à un moment il fallait que ça sorte. On n’entend que vous ici !

Écouter, c’est déjà et avant tout savoir se taire. Cela vous semble évident ? Alors pourquoi ne le faites-vous pas ?

Toujours, vous allez parlant, parlant à n’en plus finir, parlant à vous étourdir. Et toujours parlant de vous . Croyez-vous vraiment que votre « misérable petit tas de secret« , comme l’appelait Malraux, intéresse les autres ?

Certains clients lorsque j’aborde la question du réseau  m’avouent leurs peurs : peur de ne pas être à la hauteur, peur d’être redevable, peur de déranger, et surtout peur de ne pas savoir quoi dire, etc.

Chers clients, et si vous commenciez par vous taire ?

Lorsque André Chouraki a traduit la bible de Jérusalem, il a multiplié les audaces de traduction. Une nous intéresse particulièrement. Les juifs ont une prière qu’ils répètent plusieurs fois par jour : « Schema Israël  » que l’on traduit traditionnellement par « Ecoute Israël « . Chouraki l’a traduite par : « Tais-toi Israël « .

Hum, hum ! Écouter, ce serait donc  se taire !

Si vous ne vous taisez pas, il y a effectivement peu de chance que vous arriviez à écouter l’autre et mieux encore à l’entendre, dans sa singularité, son exceptionnalité, sa différence radicale.

Le mot expérience est à la mode. On ne voyage plus pour découvrir le monde, on voyage pour « faire une expérience inoubliable« . On ne pratique plus l’art des mets, on paye pour « vivre une expérience gastronomique« . On ne cherche plus à améliorer l’ergonomie d’un site ou d’un logiciel, mais à « faciliter l’expérience utilisateur« .

Et si vous faisiez une expérience radicalement nouvelle. Une expérience sans nulle autre pareille : l’expérience de l’autre ! L’altruisme, ce mot forgé au 19ème siècle par le philosophe Auguste Comte, dont mon ami Wikipédia me dit qu’il désignait pour l’inventeur du positivisme : « une attitude d’attachement, de bonté, voire de vénération envers autrui, qui résulte d’un sentiment d’amour instinctif ou réfléchi pour l’autre. »

Quand on vous parle, accueillez les paroles que l’on vous offre. Ne vous demandez pas quoi répondre. N’embrayez pas tout de suite sur vous, sur ce qui vous est arrivé de similaire. Taisez-vous. Regardez votre interlocuteur avec un regard ni pesant, ni fuyant. Adoptez, pour cela, la vision périphérique qui permet d’embrasser le visage et le corps d’un seul regard. Faites un léger hochement de tête (pas trop accentué le hochement ni trop mécanique, n’allez pas vous transformer en “petit chien sur la vitre arrière de la voiture” avec un basculement automatique de la tête qui peut très vite indisposer votre vis-à-vis.). Ouvrez un peu plus grand les yeux quand ce que l’on vous dit vous surprend, vous interpelle. Faites des petits « hum, hum » pour montrer votre intérêt. Tous ces signes de reconnaissance (en anglais, « strokes »), favorisent la communication. L’autre se sent écouté. Et vous, ils vous aident à vous concentrer. N’abusez pas de ces « petits trucs« . Tout est dans le dosage et dans le naturel.

Est-ce que cela suffit ? Évidemment, non. Il vous faut aussi avoir envie d’écouter l’autre, être persuadé qu’il a quelque chose d’agréable ou d’utile à vous faire partager. En un mot, il vous faut avoir l’intention d’écouter.

Mais ces quelques trucs (il y en a d’autres) forment un bon démarrage pour apprendre à écouter. Et je vous ai dit dans un précédent commentaire, que la faculté d’écoute était, à mon sens, la chose du monde la moins partagée. Moi-même,  parfois…

En conclusion, savoir se taire est la première compétence à acquérir si vous souhaitez devenir un grand écoutant. La deuxième compétence qui vient de pair avec l’écoute est le questionnement. L’un de mes post, dans le cadre de cet art de l’écoute que je souhaite vous faire partager, a donc tout naturellement été consacré au « solfège du questionnement ».

Pour ceux d’entre vous qui veulent réussir leurs entretiens, quels qu’ils soient (réseau, recrutement, professionnel, conseil, résolution de problème, etc.) le « savoir-questionner » est indispensable à maîtriser.

Tout autant que le « savoir-écouter » et le « savoir-se taire« .

(A suivre)

Jean-Christophe Hériche , le 9 août 2016

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