« La fête de l’insignifiance ». Avez-vous lu ce roman de Milan Kundera ?

C’est son dernier. Il remonte à 2 ans. Court, il fait 144 pages. Il n’est pas très réussi. L’histoire part en quenouille au bout d’une cinquantaine de pages.
C’est dommage que le livre soit raté sur le plan formel parce qu’il avait bien des qualités. La première et pas des moindres était d’être court.

Deuxième qualité : avoir capté comme un air du temps.

Lequel ?

Aujourd’hui, un homme pour séduire n’a surtout pas intérêt à être cultivé et brillant à l’oral. Plus il sera de culture et d’intelligence médiocres, plus il sera en mesure de « conclure ». Kundera attribue cela à l’esprit de concurrence, à la compétition entre les hommes et les femmes. Si l’homme est cultivé, la femme en prend ombrage et plutôt qu’en être séduite, elle s’enfuit à tire d’aile.
La thèse est hardie et je ne la cautionne en aucune manière. Mais, vous-mêmes, connaissez-vous une célébrité actuelle du petit ou du grand écran ayant épousé un intellectuel ? Non elles préfèrent les athlètes de haut niveau, les princes, les rappers ou les producteurs.

Comme il paraît loin le temps où Marilyn Monroe prenait pour époux Arthur Miller.

Les hommes qui me lisez, si Kundera a raison, vous n’avez aucune chance ! Comment une femme pourrait s’intéresser à quelqu’un qui lit des posts sur le web avec un titre aussi prise de tête que : « L’esprit de sérieux » !
Vous feriez mieux de regarder Hanouna et son fameux « lancer de jambe sur la console » tous les soirs dans son émission de C8 et vous en inspirer.
Ou suivre Nabilla sur Twitter, comme ses 2,2 millions de followers. Ce succès, au passage, donne raison à Jean de La Bruyère : « Comme l’ignorance est un état paisible et qui ne coûte aucun effort, l’on s’y rend en foule ».

Mais, vous devez vous demander, pourquoi avoir intitulé cet article : « L’esprit de sérieux » ?

Ah, l’esprit de sérieux !

Parlons en puisque c’est mon sujet.

Une des trouvailles de Kundera dans ce roman est d’avoir identifié « l’esprit de sérieux » comme étant l’un des traits caractéristiques de nos temps modernes.
Et oui. Parce que l’ignorance, que l’époque semble porter aux nues, se double d’un esprit de sérieux invraisemblable.

Plus les gens sont incultes, incompétents, non professionnels, plus leur impéritie est éclatante, plus ces gens se prennent au sérieux.

Ne me dites pas que vous n’avez pas remarqué ? Regardez autour de vous. Regardez bien.

Je me demandais d’où cela pouvait provenir quand j’ai trouvé l’explication de cet état d’être dans un extrait du livre du philosophe Robert Redeker : « L’école fantôme ».

Que dit il ?

Que la fonction de l’école est d’apprendre à se déprendre, de se déprendre de soi, de son petit moi nombriliste, de se déprendre des objets aussi, tous nos excroissances technologiques, à commencer par le smartphone, dont nous sommes esclaves. Et, tout aussi fondamental, à apprendre à se déprendre du discours ambiant dans lequel nous baignons tous et qui n’a qu’un objectif : nous soumettre à la norme, nous faire accepter le modèle dominant

Si Redeker a raison, ça fait un moment que l’école ne remplit plus son rôle.
Combien en voyons nous de ces gens incapables de se déprendre d’eux-mêmes dont le discours interne comme la conversation ne tournent qu’autours d’eux. Mais, en l’occurrence, ce n’est pas « Ma vie, mon oeuvre ». Ce serait plutôt ma vie sans relief et mon absence d’oeuvre !

Étonnez-vous, dès lors, que les gens ne savent plus écouter. J’en parlais justement dans ce post : Tais-toi !

Jean-Christophe Hériche, le 7 septembre 2016

(A suivre)

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